Régis Darques*
Sur le régime des terres
et les transferts de propriété foncière
en Grèce au XIXe siècle
A propos de l'ouvrage de G. P. NAKOU, Le régime juridique des ex-terres publiques ottomanes 1821-1912 (To nomiko kathestos ton téos dimosion otho- manikôn gaion 1821-1912), Salonique, University Studio Press, 1984, 513 p.
L'austérité du titre de cet ouvrage dissuaderait n'importe quel lecteur, si téméraire soit-il, de s'aventurer dans ces pages obscures, se dit-on a priori! Georges Nakou apporte pourtant un nouvel éclairage sur une question importante, mais certainement hermétique, de l'histoire contemporaine des Balkans : les transferts de propriété et les changements de statut foncier des terres ottomanes passées au cours du XIXe siècle sous domination grecque (Grèce centrale, Eubée, îles ioniennes, Thes- salie, Epire du Sud).
Un présupposé tenace est attaché à diverses représentations que l'on s'est faites de la Révolution de 18211 : les Grecs auraient automatiquement retrouvé leurs intérêts en matière de propriété foncière dès la recréation de l'État hellène, après en avoir été longuement spoliés. En réalité, le transfert de souveraineté ne se traduisit pas immédiatement par un transfert systématique de propriété. Il fallut pour cela que soient mises en place des procédures juridiques complexes, et une législation capable d'assurer la transition entre les deux formes de droit musulman et "byzantino-romain" successives.
* UMR Telemme, Institut de Géographie d'Aix-en-Provence.
révolution nationale-libérale contre ottoman aboutit création grec
(NDLR).
REMMM 79-80, 1996/1-2
