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Remarque sur les conditions de conservation des actes et des livres au Portugal (XIIe-XVe siècles)

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Année 1996 50-2 pp. 397-406
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REMARQUES SUR LES CONDITIONS DE CONSERVATION DES ACTES ET DES LIVRES AU PORTUGAL (XIIe - XVe SIÈCLES) (*).

On sait qu'une des grandes différences entre l'oralité et la scribalité tient à ce que dans la première le savoir se conserve par la mémorisation alors que dans la seconde un support comme le parchemin ou le papier est nécessaire à la préservation de l'écriture (1).

Si l'écriture au long des siècles s'est faite la dépositaire de la mémoire des hommes et si les livres et les actes ont conservé l'écriture, il revint à l'homme de préserver l'écriture, les livres et les actes.

Malheureusement, par négligence, par ignorance, par cupidité, par malveillance, entre autres, il ne s'est pas acquitté de sa tâche de la meilleure manière. Derrière la destruction, la mauvaise conservation ou le vol de livres et de documents, se trahit toujours chez les hommes qui s'en rendaient coupables une attitude mentale indépendante de leur catégorie sociale ou Pour garder, préserver livres et actes, il importait avant tout de leur reconnaître une valeur historique et culturelle, de les respecter, de les aimer comme un bien personnel et (2). Entre la documentation produite et celle qui est parvenue jusqu'à nous, il est trop vrai que les pertes sont incalculables (3). Les agents de destruction étaient innombrables : d'abord l'homme lui-même, qui — ainsi qu'en témoigne notre documentation — déchirait, griffonnait,

(*) À nossa prezada colega, Professora Doutora Cristina Bobalo Cordeiro, desejamos expressar aqui o nosso pûblico reconhecimento pela colaboraçâo compétente que nos prestou ao traduzir o texto que ora publicamos.

(1) Cf. A. d'Haenens, Ecrire, utiliser et conserver des textes pendant 1500 ans : la relation occidentale à l'écriture (Scrittura e Civiltà, VII, 1983, pp. 225-260). Voir aussi A. L. Bandeira, Pergaminho e papel en Portugal : tradicâo e conservaçâo (Lisboa, 1995).

(2) Nous avons recueilli quelques exemples de ce que nous venons d'affirmer : l'évêque D. Estêvâo Soares da Silva fit une donation à la Cathédrale de Braga en 1228 à condition que ses livres seraient vendus et qu'avec le produit de la vente on achèterait des livres ecclésiastiques, jugés plus nécessaires : « Item mando libros meos, scilicet, tria paria Decretorum (...), codicem meum et Institutam et Decretales primas et médias ut isti libri distrahantur fideliter et de precio eorum fiant libri ecclesiastici, quos intellexerint magis necessarios, qui semper serviant in coro Bracarensi... » (A. J. da Costa, A biblioteca e o tesouro da Se de Braga nos séculos XV a xvm, (Theologica, XVIII, 1983, pp. 7-364) p. 12). C'est dans un esprit très semblable que furent mis en vente les autres livres donnés à la Cathédrale de Coimbra en 1401 par le Doyen Rui Lourenço : avec le fruit de la vente on fit faire un calice doré (A. J. da Costa, A biblioteca e o tesouro da Se de Coimbra nos séculos xi a xvi, (Boletim da Biblioteca da Universidade de Coimbra, XXXVIII, 1983, pp. 1-224) pp. 37 et 77). L'apparente facilité avec laquelle les cathédrales de Braga et de Coimbra se défaisaient des livres était en définitive un reflet de ce que prescrivaient les Constitutions du Diocèse. Selon ces textes médiévaux, on ordonnait d'inventorier et de garder l'argenterie, les effets, les registres, les titres de propriété, les privilèges et autres documents, mais rien n'y était dit des et des livres. Ce qui explique qu'on lise, dans l'inventaire du trésor (1589) de la Cathédrale de Braga, qu'on a trouvé quelques livres ne servant à rien et qu'il serait donc bon d'en faire quelque chose ! En revanche, trois grandes caisses de bois dotées de serrures abritaient les papiers et les livres des bénéfices de l'archevêché (Idem, A biblioteca e o tesouro da Se de Braga nos séculos xv a xvm, p. 19).

(3) Indiquons par exemple qu'il existe actuellement 279 chartes de notre premier roi, Afonso Henriques, mais que l'on trouve des références à plus de 102 chartes du même roi, tenues pour perdues. (Documentos Medievais Portugueses, Documentos Régios. Introducion diplomatique et notes de R. Pinto de Azevedo, I (Lisboa, 1958), p. lxv). Citons encore la destruction de dizaines et de dizaines de livres du registre de la chancellerie royale portugaise (xive-xv6 s.) ordonnée par le roi Afonso V. Cf. M. H. da Coelho et A. L. C. Homem, Origines et évolution du registre de la chancellerie royale portugaise (xm'-xve siècles), Porto, 1995, p. 8. Cf. notes 5-9.

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