SALONIQUE FACE A L'ÉVOLUTION POLITIQUE

DU SUD-EST EUROPÉEN :

MÉTROPOLE BALKANIQUE OU VILLE

INTERMÉDIAIRE GRECQUE ?

Salonique est une ville en pleine transformation. Elle se modèle une nouvelle apparence : l'arc de Galère est en restauration permanente ; les façades des immeubles du début de siècle, sur la place Aristote, sont en cours de ravalement ; l'ancien centre commerçant est entièrement rénové ; les vieilles rues délaissées et désolées de l'ancien quartier franc s'animent : on refait le pavement, on ouvre des restaurants ; et l'achèvement du métro ne saurait plus tarder. La plupart de ces travaux sont financés par la Communauté Européenne. Une masse importante de capitaux est ainsi consacrée à la préparation de l'année 1997, qui verra Salonique devenir la capitale culturelle de l'Europe.

Si l'on excepte ces travaux conjoncturels, la ville présente au visiteur une image résolument moderne. La tour des télécommunications, les bâtiments de la foire internationale et de l'Université, mais également la plus grande surface commerciale grecque, récemment construite à proximité de l'aéroport, contrastent avec les éléments moteurs de l'attraction touristique : la vieille ville, avec ses anciennes maisons d'architecture macédonienne, les remparts byzantins, la tour blanche, les innombrables églises et l'agora hellénistique. H faut un œil averti pour percevoir à côté des immeubles de verre (la banque de Crète sur l'avenue Nikis, par exemple), et des façades néoclassiques, les seuls monuments turcs qui ont survécu : trois mosquées, quatre bains et un bazar couvert, en cours de délabrement. Seule une plaque commemorative rappelle qu'à l'emplacement de l'actuel consulat turc, rue Isaïas, dans une de ces maisons à sachnisia typiques (projections fermées de l'étage), naquit Mustapha Kemal Atatiirk. Salonique est en chantier. Mais les chantiers eux-mêmes s'interrompent pour laisser place aux fouilles archéologiques qui se multiplient. La ville se développe, mais sa croissance se heurte toujours davantage à son passé, qui resurgit à chaque nouvelle construction.

Salonique a hérité d'un passé de grande ville. Elle vient de fêter en 1985 ses 2500 ans d'existence ininterrompue, et c'est ce qui la différencie d'Athènes, cette Brasilia méditerranéenne dont parle Guy Burgel, qui n'était en 1834 qu'une simple bourgade rurale, lorsqu'elle fut choisie pour être la capitale de la nouvelle Grèce indépendante. À l'heure actuelle, l'agglomération urbaine d'Athènes atteint 3.100.000 habitants, et sa région urbaine dépasserait les quatre millions de personnes, c'est-à-dire près de la moitié de la population