In:
Anthropologica, University of Victoria Libraries, Vol. 58, No. 1 ( 2016-05-05), p. 60-76
Abstract:
À partir des usages et représentations que les services forestiers et les communautés du Maroc rural se font du cairn, monticule rocheux servant de borne, le propos de cet article est de montrer comment l'ontologie naturaliste véhiculée par le code forestier s'oppose à l'ontologie analogique locale sur le statut à donner à la frontière entre espace cultivé et forêt. Pour le code forestier, le cairn se résume strictement à une borne de cadastre fidèle à une optique de topographe dans le cadre d'une organisation technocratique de l'espace. L'usage que les communautés du Maroc rural se font des cairns est bien plus polyvoque. Si délimiter est une des fonctions attribuées au cairn, il est aussi perçu comme une borne d'étape de saint, comme un point de rencontre entre le monde des humains (l'espace cultivé) et celui des génies (la forêt), comme un belvédère et comme un lieu rituel. Alors que le code forestier se limite à voir dans le cairn un outil pour transposer une rationalité de droits dans le territoire, les communautés l'inscrivent dans une sémiotique de l'espace. Malgré ces écarts de points de vue, dans la pratique les cairns de domanialisation de la forêt s'avèrent être des points de négociation des ontologies résultant des interactions complexes entre forestiers et paysans. Dans la région d'Essaouira, l'appropriation symbolique de l'intervention du forestier par les communautés berbérophones se réalise par l'investissement rituel du bornage domanial par les femmes. Au final, l'article tentera de démontrer que la négociation des ontologies autour du cairn a pour effet l'hybridation des modalités de gestion forestière, et donc des politiques publiques.
Type of Medium:
Online Resource
ISSN:
2292-3586
,
0003-5459
DOI:
10.3138/anth.581.A04
Language:
Unknown
Publisher:
University of Victoria Libraries
Publication Date:
2016
detail.hit.zdb_id:
2219201-3
SSG:
5,1
SSG:
10
Permalink